Ça fait quelque temps qu’une idée « philosophique » me trotte dans la tête et j’ai décidé de vous la partager aujourd’hui. Cette fameuse idée c’est le fait que l’on ne possède rien, que rien n’est à nous.
Une idée ancrée chez nous depuis l’enfance
On a tous vu des enfants qui prennent un jouet et disent qu’il est à eux et seulement à eux. Dès qu’un autre s’en approche ils rétorquent alors qu’ils l’ont vu en premier. On constate que cette notion de possession et même d’appropriation des choses nous suit depuis notre enfance, elle se trouve dans nos racines.
Pourtant, ce que l’on croit posséder (ça peut être des objets, une maison ou peu importe) ce sont juste des choses qui sont à côté de nous et dont on se sert. On les utilise et on exerce un contrôle sur elles pendant un certain temps.
Par exemple ma casquette je l’ai achetée, elle m’aide à me protéger un peu du soleil, à faire en sorte que je cache un peu mes cheveux et que je sois un petit peu moins éclairé par le soleil mais au final, c’est juste une casquette.
Si je la balance ici et que je m’en vais, quelqu’un d’autre va la prendre et puis ça sera la sienne. Il n’y a pas de lien de propriété : c’est à moi sans être à moi. Je l’utilise mais ça ne va pas plus loin.
Des preuves qui ne prouvent pas grand chose…
Cependant me direz-vous, beaucoup de choses nous prouvent que l’on est « propriétaire » (tickets de caisse, factures, acte de propriété pour un bien immobilier, les chiffres sur mon compte bancaire, etc).
Plus largement, par convention et dans la société, si je m’affiche avec quelque chose, c’est à moi. Ma casquette, logiquement, est à moi. Mon t-shirt et ma veste sont à moi et c’est pour ça aussi que plein de gens se font avoir sur internet en voyant d’autres gens s’afficher avec des objets qui ne sont en fait pas à eux (ce sont soit des prêts, soit des locations).
Pour en revenir sur ces fameuses « preuves », en réalité ça prouve juste que l’on a effectué un échange. On a échangé de l’argent contre un objet ou un service. Concernant l’acte de propriété d’une maison c’est la même chose : au final c’est simplement un bout de papier. Si des squatteurs viennent chez vous, ils vont s’en « carrer l’oignon » de ce dernier !
Pareil pour l’argent : c’est juste des chiffres au final. Alors oui, ça sert à faire des choses mais ça peut nous filer entre les doigts, nous n’en avons pas le contrôle absolu.
Posséder nous rassure
Lorsque l’on pense posséder des choses, ça nous rassure. Ça doit sûrement venir de la préhistoire tout ça. Imaginez, les hommes préhistoriques étaient dans un monde encore plus incertain que le nôtre et devaient lutter tous les jours pour leur survie. Si on leur volait leur silex, leurs bâtons ou leur grotte, eh bien c’était la mort assurée !
Le fait de posséder des choses nous permet de nous maintenir en vie d’une certaine manière (et comme je vous le disais, le monde est incertain par nature).
Ne plus posséder une chose c’est perdre le droit de l’utiliser
Il y a peut-être un groupe de personnes qui va venir me voler ma casquette, mon iPad ou mon téléphone. Si c’est le cas, je perdrais mes droits d’utilisation et mon contrôle sur ces objets.
Il peut y avoir plusieurs cas entrainant ce genre de situation :
- la vente ou l’échange : si je vous vends mon iPad ou si je vous l’échange contre quelque chose, je perds le droit de l’utiliser
- le don : je donne sans rien attendre en retour
- un prêt ou un partage : c’est une perte de propriété « temporaire »
- le vol ou la saisie : l’Etat peut saisir votre maison
- une perte : combien de fois avons-nous déjà perdu un objet ?
- une destruction ou un dysfonctionnement nous faisant perdre l’usage d’un objet.
- la mort : quand on meurt on laisse tout derrière soi.
Je ne sais pas si vous avez déjà eu ce genre de situation dans votre famille mais quand quelqu’un part, il laisse tout derrière lui et il faut alors vider la maison. Quand on vit cette expérience (que j’ai vécu) on se rend compte que les objets ne sont pas réellement importants.
Même si vous n’avez pas vécu ceci, vous avez peut-être déjà regardé des vidéos sur YouTube d’urbex (= exploration urbaine) où l’on peut y voir des gens s’introduisant dans des maisons ou des châteaux abandonnés. On sait qu’auparavant il y eut de la vie mais pour des raisons que l’on ne connaît pas toujours, ils sont maintenant laissés vides. Le temps reprend ses droits et les choses restent là où elles sont, là où elles ont été posé, et elles attendent.
« Ce sont les Hommes qui font vivre les choses. »
Revenons à cette histoire de deuil… Il y a des gens qui, au départ, étaient super matérialistes et qui ont totalement changé suite à ce genre de situations. Les objets et les possessions ne comptent pas. Ce sont les relations que l’on a avec les autres, la spiritualité ou les différentes expériences que l’on peut vivre qui nous apportent quelque chose.
Nous ne possédons rien : nous empruntons
Il faut apprendre à changer de perspective pour se dire que toute chose dans ce monde nous est seulement prêtée, et qu’à un moment ou à un autre il faudra la rendre.
Cela nécessite une certaine humilité pour en arriver là et peut-être que dans les commentaires vous allez me dire que je raconte n’importe quoi, que vous avez votre voiture et ci et ça…
Essayez d’imaginer qu’il vous arrive quelque chose de grave comme perdre l’usage de vos jambes. Dans ce cas-là, votre voiture ne vous servira plus à grand chose. Elle est encore à vous mais vous vous contenterez de la regarder et c’est tout.
Tout est temporaire
Pour finir, rappelez-vous que tout est temporaire. Ne vous faites pas posséder par vos possessions, n’essayez pas de faire la compétition à celui qui aura le meilleur truc, la meilleure maison, la meilleure bagnole, etc. Ça ne mènera à rien.
NB. Si jamais le sujet vous intéresse et que vous voulez aller plus loin, je vous conseille d’étudier la notion de désir mimétique par René Girard.
Sur ce, n’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette notion de propriété dans les commentaires.